

Merci de prendre un temps de réflexion pour tous ces artistes qui représentent la culture francophone actuelle.
Se procurer l'Anthologie "Des Astres Humains"


Alors que Brille va s'offrir à la "Bête", un étrange oiseau s'interpose, risque sa vie et l'extirpe malgré elle d'une mort certaine. Mais qui va sauver qui ? ...
[...] Je fonce droit sur elle, je la frôle du bout de mon aile et tente de l'alerter avec douceur, même si le temps nous fait défaut. Elle m'ignore et ferme les yeux comme si elle espérait la mort. Alors, je ne vois pas d'autre choix que de refermer mes serres autour des blés qui encerclent son visage, et je tire de toutes mes forces en direction de la forêt... [...]

Un oiseau blessé est secouru par une jeune fille; une jeune fille malade est secourue par un oiseau. Cette parenthèse saura-t-elle survivre aux craintes du clan des corvidés et à l'appel du monstre de fer ?
"Brille" est sensoriel. Le récit, du point de vue du corbeau, nous permet de prendre du recul sur nos habitudes d'humains : ici, ce sont les oiseaux qui nous nomment, et ce sont eux qui s'entichent de nous. Et le monde est rempli de monstres mécaniques. Une chose est sûre : cette nouvelle vous offrira de beaux moments fragiles, sublimés par le style doux de Rachel Gali. On a même envie d'en apprendre plus sur la culture des corbeaux !


Dans un univers baroque peuplé d'Hermaphrodites, de Besogneux et d'autant de castes qu'il faut pour créer une bonne dystopie, quoi de plus naturel que de gagner sa vie en vendant les attributs cliniques de sa propre personne...
[...] Une lumière crue inonda soudain la scène. En hologramme de six mètres apparut un de ces êtres hideux de la caste des Multiples. Il posssédait trois visages sur un seul corps. Trois hermas partageant les mêmes organes vitaux. Mais celui-ci n'était pas n'importe quel Multiple. C'était L'Esprit. Le dirigeant suprême du monde. [...]

Une petite piqûre pour devenir un esthète épicurien... Pour avoir toutes les gratifications qu'offre une société de consommation hyper hiérarchisée dont les castes et l'individu insectué expriment les gènes et les pudeurs en un refoulement totalitaire incarné par un despote tricéphale : l'un multiple !
Dernier train pour Tsulan (je n'arrive jamais à le prononcer avec l'accent du sud) est une nouvelle incroyable... Célia Ibanez maîtrise parfaitement les codes de la science fiction, grande lectrice, elle connaît les classiques et nous propose un monde enjôleur mais vénéneux ! Un reflet coloré et déjanté de la réalité de nos peurs, des leviers de contrôle de nos sociétés pourrissantes qui étouffent l'individu de ses déchets, pour nous amener au propre de l'humanité : l'humour. Aux portes de l'inconscient, elle affranchit le lecteur d'une vérité qui ne peut-être que multiple et donne le change aux mensonges et à l'illusion.
Que feriez vous, si un tel monde était le vôtre ?


Des éboueurs de l'Espace travaillent sans relâche au rythme des révolutions terrestres. Ce sont des numéros, asservis minutieusement à des besognes qui peuvent devenir mortelles à la moindre erreur. Perdue au milieu des étoiles, la révolte gronde...
[...] C'est le moment que je déteste le plus, savoir que deux jours de travail m'attendent et ne rien pouvoir faire. Quand j'arrive à la fin, je peux compter les minutes qui me séparent de la pause, mais quand ça commence, je ne peux décemment pas compter trois mille deux cent soixante-quatre minutes, je deviendrais folle... [...]

Alors que de riches milliardaires s'amusent depuis quelques semaines à être les premiers touristes de l'espace, cette nouvelle de Gaëtan Maran a de quoi nous faire tourner la tête. En nous plongeant dans le quotidien robotique d'éboueurs de l'espace, l'auteur nous ramène à notre propre réalité : l'horreur du métro-boulot-dodo et l'importance du lien social dans lequel nous trouvons la force et le sens de continuer à avancer. Et ce même quand le monde part à vau-l'eau. Un texte dystopique dans l'air du temps qui se dévore et nous transporte dans l'espace en un instant.


Les roches peuvent parfois regorger de secrets qu'il vaut mieux ne pas révéler... car sur cette Terre, nous sommes des "consuméristes" dédiés au développement infini de nos ressources. Avant nous, il n'y avait pas de passé et l'avenir a toujours été la seule certitude vers laquelle nous étions autorisés à porter nos regards...
[...] Les fossiles avaient tous le même âge : celui de la dernière extinction de masse des espèces. Mais, comme Manada s'y attendait, les interprétations les attribuaient à de grands singes. La paléontologue était elle-même prise de frissons en pensant à leur réelle nature. Car ils partageaient les caractéristiques morphologiques d'un seul animal : l'Homme. [...]

Serez-vous un fossile ? Non, pas un vieillard, un fossile, un objet archéologique digne d'étude ? Dans des milliers d'années, nous, nos empreintes et notre canette de coca feront peut-être partis d'un musée. Que penseront nos descendants de nous, lorsque notre histoire sera devenue leur préhistoire ? Dénigrés, ou idéalisés, quelque soit l'interprétation, la recherche historique pourrait s'exposer à certains dangers... Et pas négligeables. Malheur à ceux qui cherchent, et à ceux qui savent !
Simon Andrieu nous emmène dans le futur du passé : l'espèce humaine a failli disparaître, et les recherches archéologiques mettent au jour des civilisations peu glorieuses. L'auteur pointe le doigt où cela fait mal : quand l'Homme se met à mélanger l'Histoire et l'histoire...


Un caillou dans l'Espace menace de percuter très certainement la Terre. Une chance sur deux. Et comme d'habitude, l'Oeil espion surveille... En l'occurence, il s'agit de trois travailleurs obstinément impliqués dans la construction d'une fusée qui, en dépit de l'urgence, ne pourra probablement jamais décoller avant la fin du monde annoncée. Mais tout doit continuer, à tout prix... car quoi qu'il en coûte, nos lascars ont été payés pour ça...
[...] L'ingénieur faillit relever. "Dans la face", ça pouvait encore passer, c'était du langage de "d'jeuns". En revanche, utiliser "chance" en lieu et place de "risque"... [...]

C'est avec beaucoup d'humour que nous suivons l'intimité de 3 techniciens astreints à réparer un vaisseau sous "l'oeil" implacable, tandis qu'un astéroïde annoncé s'approche dangereusement de la terre et menace de la détruire. Ils s'exécutent quand bien même cette mission fut elle la dernière, et ne manquent pas de donner leurs points de vue décalés sur le système et la fin certaine du monde en perdition. Les choses ne vont pas se dérouler comme nous l'attendions, la fin vous surprendra. L'auteur parvient totalement à nous immerger dans ce moment particulier et nous sommes impliqués dans les dialogues directs et ciselés. Une affaire de style qui convient au mieux à ces métiers d'hommes dans la sueur et le cambouis, une atmosphère pesante aussi, dans la peur et l'incertitude d'un monde sans lendemain, qui semble t'il prendra fin dans les dernières pages. Mais seul le dernier mot saura vous éclairer sur la réalité de l'histoire et dérouler l'inattendu. Bien vu Mr Gérard.+++


Comment une invention, au départ anodine, liée à un problème identitaire, voire urinaire, pourrait-elle mener à une ascension telle que même l'intersidéral s'y intéresse ? ...
[...] Qui sont ces sous-délinquants du quotidien qui marquent les toilettes publiques de leurs mauvaises humeurs ? Font-ils preuve du même relâchement une fois rentrés chez eux ? Quelle est la part de ces individus pour une population donnée ? Forment-ils une armée secrète, oeuvrant en toute impunité dans les collèges et les stations services ? Sévissent-ils par pure négligence ou sont-ils fiers de leurs forfait ? ... [...]

Qui sont ces délinquants du quotidien qui prennent la liberté de souiller les toilettes publiques ?
C'est en apportant une réponse à cette question, que chacun s'est déjà posée, que Gwendal Ginard devint l'un des plus célèbres inventeurs des années 2070, imaginant une création qui allait marquer son époque et le rendre riche : le radar WC.
Avec humour et sur fond d'une trame qui pourrait faire sourire, Trans Vitam Aeternam peint un portrait pertinent et critique de notre société et de ses dérives. Gwendal et ses inventions évoluent dans un monde en proie aux bouleversements environnementaux, où les tentations totalitaires s'accroissent, où les délires transhumanistes deviennent pour les élites une pathétique réalité, et où, finalement, la technologie sauve tout autant qu'elle condamne.
Une nouvelle qui, jusqu'au point final, jongle avec réussite entre l'absurde de son intrigue, le réalisme de son anticipation, et les enjeux sociétaux qu'elle soulève.


La Terre est épuisée. Elle a perdu toutes ses couleurs. L'atmosphère ne le permet plus. Le seul espoir réside dans une nouvelle source d'énergie venue de la Lune, l'Hélium 3... à condition de ne pas précipiter sa propre perte en voulant trop se protéger...
[...] Le monde ne tourne plus rond depuis des décennies. On laisse dans le chaos des millions d'âmes humaines perdues dont l'unique objectif est la survie. La vie sans avenir, les lendemains sans but, le futur sans espoir. Ils vont renverser le pouvoir et mettre tout le monde au même niveau, et tant pis si l'anarchie prend le pouvoir, tant pis si le monde agonise. Ce ne sera pas pire qu'aujourd'hui. [...]

Sommes-nous vraiment prêts à vivre sur la Terre sans la détruire ?
La plupart de nos actes semblent aller à l'encontre de notre belle et précieuse planète. Alors, comment faire pour exister, tout simplement ?
On peut répondre à toutes ces questions en trouvant toujours une issue de secours, néanmoins, le questionnement que David Law pose à travers sa nouvelle "Hélium 3" s'avère encore plus pertinent.
Sachant que le but ultime de l'humanité est la survie, que se passe-t-il lorsque l'être humain a épuisé toutes les ressources naturelles sur Terre ?
Il va trouver un moyen de s'en sortir évidemment ! Mais comment faire lorsque le merveilleux écosystème de la Planète n'existe plus ?
Une réponse simple s'impose : en exploitant, voir en colonisant une autre planète.
Cependant, l'humanité est-elle capable de créer autour d'elle ou bien, elle se limite, inconsciemment, à détruire tout ce qu'elle touche ?
Je vous invite à lire cette impressionnante et atypique nouvelle qui nous décrit un avenir proche. Nous découvrons comment, dans cet univers chaotique, Melvin et son fils Martin essayent de survivre au quotidien. Tâche extrêmement difficile dans ce monde où l'oxygène n'existe plus.
De son côté Laura, se donne corps et âme afin de donner la possibilité à son fils et à son époux de quitter la planète Terre, pour un monde meilleur ?
Y arriveront-ils ?
"Hélium 3" nous tient en haleine jusqu'à sa dernière ligne !


Lorsque la Création Artificielle en arrive au point de sublimer celle de tout créateur, que nous reste t-il de plus à explorer ? ...
[...] L'ovation des Hespérides refléta les rayons du soleil nouveau et galvanisa le trio. Cependant, lors de leur sortie de scène, quand Sigrid se retourna et qu'elle put enfin ranger son masque de figure publique, Baard remarqua une perle au coin de son oeil gauche. Ce fut une vision brève qu'un rapide geste de la main vint étouffer, mais Baard en fut certain : quelque chose s'était brisé... [...]

Qui a déjà lu la moindre dystopie reste sur ses gardes quand on lui parle d'Eden. L'entrée de la nouvelle se fait tout en douceur mais on se méfie. On attend le piège qui vient. Et puis... et puis, on se laisse emporter par cette ambiance de fin de concert, on se laisse porter par la mélodie, on se laisse séduire par les décors du Grand Nord, qui a déjà tant fait fantasmer les littératures fantastiques (les Royaumes du Nord...). Alors, quand finalement, la menace arrive sur la pointe des pieds on a perdu toute vigilance. Il n'y a ni violence ni explosions et c'est peut-être ça le pire. Ce ne sont pas les personnages qui sont en danger mais leur création même.
L'autre grande réussite de la mécanique de la création c'est de parler de musique en littérature. C'est toujours fascinant de voir comme ces deux univers, à priori incompatibles, se répondent sur bien des aspects. On finit par entendre des mélodies qui n'existent pas, on s'invente des timbres de voix sans cordes vocales et c'est bien là tout l'enjeu.


Quoi de plus paradoxal que de travailler dans un planétarium et d'avoir soudainement des clients sous l'emprise d'un gadget qui révèle leur lumière intérieure plutôt que de tourner leur regard vers les étoiles...
[...] Grâce à la collecte et l'analyse des données personnelles amassées par le collier et l'application mobile à laquelle il est relié, le pendentif s'illumine et guide son porteur, à l'image des premiers marins qui s'orientaient à l'aide de l'étoile Polaire. Mais dans le cas de ces Astral Light, vers où l'utilisateur est-il éclairé ? La notice au dos de l'emballage n'indique rien, si ce n'est cette rengaine : "Mettez votre bonheur en lumière. " Je repose le gadget, ahuri par ce que je viens de lire... [...]

David, passionné par l'espace et ses secrets, travaille au planétarium du Musée des Sciences depuis bientôt quinze ans. Si le dôme étoilé rencontrait à ses débuts un franc succès, David constate avec amertume que les nouvelles générations s'égarent plus volontiers dans la lumière artificielle de leurs écrans que dans celle dispensée par les astres. Pour couronner le tout, un gadget fait son apparition : l'Astral Light. Le pendentif connecté à une application mobile garantit de "guider" son utilisateur, à l'instar de l'étoile Polaire qui orientait jadis les navigateurs.
Une lueur artificielle de plus qui promet de masquer davantage le ciel des villes, comme le dôme du planétarium.
La problématique s'avère on ne peut plus actuelle, et David, comme l'un des derniers représentants d'une espèce en voie d'extinction, s'attache toujours à la beauté mystérieuse de cet univers qui n'intéresse plus personne. Notre société évolue si vite, pouvons-nous seulement lutter ? Est-il encore possible d'exister sans les nouveautés qu'elle nous impose, si le reste du monde s'y conforme ?
Le bonheur doit se tenir à portée de main à chaque instant, sa recherche ne mène plus à l'exploration, ni à la réflexion, ni à l'analyse. Non, à soi, rien qu'à soi, à une satisfaction immédiate, et qu'importe ce qui se passe dans l'infiniment grand ou l'infiniment petit du moment que l'on suit les modes et ces nouveaux besoins qu'elles engendrent.
Que faut-il pour que l'humanité se sente à nouveau concernée par l'univers, cette immense matrice qui nous a créés et qui ne nous accueille qu'une fraction de seconde à l'échelle du Temps ? Que doit-il nous arriver pour que nos regards retrouvent enfin le chemin vers les étoiles ?
Merci à Adrien Lioure pour son texte de qualité tant par l'histoire que l'écriture et les interrogations qu'il soulève.


Et si l'ensemble de nos vies antérieures subsistait à l'intérieur d'une Trame, celle de notre esprit ? ... Que faudrait-il pour ouvrir le Passage qui nous ramènerait au tout début ? ...
[...] Un phénomène singulier s'était produit aujourd'hui. Nous nous étions tous réveillés, partout dans le monde, avec un flot de souvenirs jusqu'ici enfouis depuis notre naissance. Celui de nos vies antérieures et de chacune de nos morts passées. Nous étions la première génération à subir cela. Historiquement funeste. [...]

Un phénomène singulier s'est produit sur la planète entière. Tous les habitants se sont réveillés avec les souvenirs de leurs vies antérieures et surtout de leurs différents décès.
Serait-ce le signe de la fin du monde ? De la mort prochaine de l'humanité qui avant de s'évanouir se remémore ses meilleurs (ou pires) moments ? Pour en avoir le coeur net, le héros de ce récit va explorer ses rêves à la recherche du fin mot de cette histoire. Une à une, il descendra les marches de l'escalier de ses songes. Il passera devant les nombreuses portes de ses autres vies jusqu'à trouver celle qui porte le nom de "la trame". Ainsi commencera son passage. Un voyage étrange et merveilleux.
La plume d'Erwan Le Droguene est percutante et immersive. Dès les premières phrases, le lecteur plonge dans son univers si intrigant. Les péripéties s'enchaînent avec fluidité jusqu'à un dénouement macabre, mais non dénué d'espoir.
Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre voyage. Alors, prêts pour le départ ?


Lorsque l'humain qui est en nous s'efface au profit de ses performances les plus intellectuelles, devient-il un monstre ? Un génie ? Un objet ? ...
[...] Avec les nombres ça allait mais il s'ennuyait; il ne voyait pas l'intérêt de ce qu'on lui demandait. Savoir ses tables, oui, pourquoi pas ? Sauf qu'il ne savait pas les réciter. Il pouvait calculer sans peine d'inombrables nombres, mais ses enseignants se moquaient de lui car ses tables étaient fausses. Il se rendait bien compte que le résultat attendu et stocké dans sa tête n'était pas toujours celui qui sortait de sa bouche, mais comme il ne savait pas bien écrire non plus, c'était impossible à prouver... [...]

Vous êtes vous déjà sentis enfermés ?
Cloisonnés dans votre esprit, dans votre propre corps, incapable de faire coïncider ces deux entités ?
Voilà ce que nous propose Marion Holenstein dans "L'ascension d'un Dégénéré".
Au travers des yeux du jeune Lionel, c'est toute une enfance de solitude et d'incompréhension que nous entrevoyons.
Sujet aux pires moqueries, atteint des plus lourds troubles d'apprentissage, cet enfant brille pourtant intérieurement.
Ses mots sont confus, sa voix ne porte pas son génie, mais son destin n'attend que son envol.
Cet envol, c'est au travers de l'aide d'une figure aimante qu'il pourrait bien arriver.
Qui est cette Rose dont le nom décrit pourtant si bien la délicatesse ? Quel est son rôle dans la vie d'un jeune asocial ? Pourquoi lui ?
In Fine, ce récit questionne notre propre relation à l'intellect et aux relations inter-personnelles.
En quelques pages, Marion vous fera découvrir avec talent une nouvelle facette d'une société toujours plus intrigante et peuplée d'individus hors-normes.
Dans un monde calculateur, le génie sommeille t-il toujours là où on l'attend ?


Un crime commis en faisant subir la Passion de Prométéos. Un curiste enquêteur hiérodoxe guidé seulement par la Vérité. Une ville, sous la gouverne du crime organisé, pressée de trouver un coupable idéal. Les véritables motivations sont parfois impénétrables...
[...]- Pas exactement. Vous dîtes vrai. La Vérité, ce sont les instants où un coin de voile se soulève et la lumière se fait sur le mystère. Lorsque le voile se soulèvera tout à fait, ce sera l'instant de Vérité. Alors je comprendrai tout. Je ne dirai pas la Vérité, j'en énoncerai le résultat. [...]

Une ville plongée dans l'obscurantisme, une église vénérant la quête de la Vérité et une série d'assassinats rituels de criminels notoires. Voici le mystère que Guillaume de Baskerville... pardon, Alexis de Mâdeville, s'attèle à résoudre, quitte à y laisser des plumes.
L'auteur Cyril Duquenne narre avec talent le baptême du feu de son Sherlock Holmes gothique confronté à un redoutable monde d'heroic-fantasy pas comme les autres. Les distilleries clandestines et les nobles corrompus supplantent dragons et chimères dans ce récit malin au style piquant et aux rebondissements bien sentis, a mi-chemin entre Doyle et Jaworski.


Un musée qui regroupe l'omniscience de tous les peuples connus. Une oeuvre qu'aucun visiteur ne peut voir sous peine de réveiller le chaînon manquant d'une culture ignoble... Une visite impromptue d'une grande instance... Tout devrait bien se passer, non ? ...
[...] - Cette oeuvre s'intitule "suggestion" et la technologie astrienne déployée ici nous échappe. Monsieur Pochin et vous, tout comme moi d'ailleurs, ne voyez pas la même chose dans ce cube. Et si vous revenez tout à l'heure, il y a des chances pour que vous découvriez un autre objet. Cette oeuvre est issue de leur philosophie sur la conception de la réalité... [...]

Un "département culturel" soucieux du bon usage de son budget, dépêche "un gouverneur" en visite au "musée", un lieu chargé d'oeuvres hétéroclites, celestides, centauriennes, saturnistes... Et dans ce je ne sais où, un je ne sais qui, un "conservateur", soucieux lui que nulle ne puisse contempler le tableau sélénite, un tableau gardé au secret, dans un bunker, loin de regards humains trop faible pour en supporter la vue, au risque de perdre la raison.
S'appuyant sur le contraste d'une impersonnelle et intemporelle banalité et d'un indicible et obscure bouleversement, cette nouvelle entrouvre, en jouant habilement de la chose cachée et du fantasme, un univers qui ne demandera qu'à sortir de son bunker, véritable trait d'union (chainon) entre notre vie banale, ordinaire, rationnelle, et la rencontre avec l'impensable, l'ineffable absolu.
Un prélude qui vous invitera tous à vouloir prolonger l'histoire, la prolonger au delà de ses faux airs d'inachevé, où là encore, jouant sur le thème du non dit et de la frustration, l'auteur attisera votre désir de percer les mystères sélénites.


Une horloge très particulière qui avance ou qui recule en fonction des évènements et qui à minuit, sonnera la fin du monde...
[...] Mesurant l'entropie de la société sur laquelle elle était réglée, l'horloge avait connue bien des cataclysmes. Témoin de tant de guerres, de génocides, de soulèvements populaires, de répressions gouvernementales, l'horloge avait vu le meilleur comme le pire de l'humanité. À tant d'époques, ses aiguilles s'étaient dangereusement rapprochées de minuit sans l'atteindre, désamorcées par un énième coup du sort rappelant aux humains le droit chemin. [...]

Certains vous diront que le temps est une invention.
Au travers de sa nouvelle « à quelques minutes », Hugo Giovannetti le réinvente pour nous. De la même manière que le temps nous accule vers la mort, l'auteur crée une horloge de fin du monde dont les aiguilles sont rythmées sur les catastrophes engendrées par l'humanité. Et quand minuit sonnera...
Dans son récit, Hugo Giovannetti nous propose donc une horloge qui égraine les secondes de façon irrégulière. Il arrive de ce fait à lancer une course contre la montre tout à fait étonnante. Mais ce n'est pas la seule originalité de cette curieuse invention, car d'un point de vue littéraire, son horloge va fonctionner tel un tensiomètre qui happera le lecteur. Le héros est missionné pour consulter régulièrement l'horloge de fin du monde, dans un univers apocalyptique bien éloigné des poncifs du genre. Il cherchera également à comprendre les raisons de la progression des aiguilles.
Ce n'est sans doute pas un hasard si cette histoire ouvre presque l'anthologie : la diversité des nouvelles proposées qui font suite constituent une belle réponse à ce récit captivant.


Qu'adviendrait-il de notre imagination si l'Univers ne recelait plus aucun secret pour personne ? ...
[...] Bisque De Aumare était un Dépêcheur d'Étoiles, le meilleur même. Il allait là où on lui demandait d'aller. Point. Et il faisait ça plus vite que n'importe qui. Et de n'importe quoi. Sur des distances qui dépassent l'entendement. Ainsi nombreuses étaient les Entités Universelles qui sollicitaient ses services au besoin. Et peu lui importait ce qu'elles échangeaient et avec qui elles échangeaient. Il se contentait de transporter les enveloppes sombres comme la nuit. Non ! . Plus sombres que la nuit, d'ailleurs. Enfin... ça c'était jusqu'à aujourd'hui... [...]

Qu'y-a-t-il de commun entre "une petite scientifique aux yeux de taupe", des "Entités Universelles", un "Dépêcheur d'Etoiles" et le Cosmos ?
Un début de réponse se trouve dans l'excellente nouvelle de Mathias Delaportée qui narre le voyage intersidéral d'une scientifique en avance sur son temps, flanquée d'un acolyte gouailleur qui lui sert de pilote trans-galactique...
Le but d'un tel voyage ?
Découvrez-le, en lisant cette belle histoire astrale et trouvez en votre for intérieur le message qui s'y cache en franchissant allègrement les frontières terrestres en compagnie de Bisque De Aumare et de Patentée Colombus.
Credo quia absurdum...


L'Univers se dépeuple faute de partenaires. Une idée tombe d'en haut : trouver son âme soeur grâce au "Speed Dating Interplanétaire" ! ...
[...] Loréanne écoute son IA lui rapporter toutes les nouvelles qu'elle a ratée durant la nuit. Les frasques alcoolisées des célébrités en vogue, les mots d'esprit des insomniaques et bien sûr les commentaires suscités par ses publications de la veille. Entre deux informations, Ève raconte avec emphase comment une future mère a annoncé sa grossesse à son amoureux. Une publication qui n'a pas fait beaucoup de vues, certes, mais qui, elle l'espère, touchera Loréanne. Échec total... [...]

En voie d'extinction propose un beau contre-pied à notre société. Elle s'adresse à ceux qui se posent des questions sur la part des réseaux sociaux dans nos vie et à l'impact de ces amitiés virtuelles qui nous rythment.
J'aime la confrontation entre la pragmatique, représentée par des IA qui veulent assurer l'espèce, et les désirs anodins des êtres humains dont la vie se résume à prétendre une autre vie en réaction à celle des autres. Le personnage principal cherche l'âme-soeur pour son statut instagram et non pour partager sa vie. Mais dans cette réalité, chercher a plus de sens que trouver quand les IA permettent de tout avoir sans contrainte et que les inconvénients ne viennent plus renforcer le bonheur. Malgré tout, les IA essayent par tous les moyens de sauver l'espèce humaine, qui plongée dans sa réalité virtuelle, s'éteint d'elle-même. Si le futur est tel quel, l'écologie n'aura plus de soucis à se faire : l'espèce s'éteindra seule, parfaitement inconsciente de sa chute et parfaitement heureuse.
Cette nouvelle est riche de cette ambiguïté entre une humanité qui veut vivre les choses en virtuel pour les vivre plus intensément et qui ne ressent plus rien hormis des sentiments vains et immédiats. Loréanne fonctionne comme un enfant, l'excitation et la nouveauté l'attirent quelques instants mais ne perdurent pas dans le temps, car ce qui est important pour elle c'est ce que pensent les autres et non l'expérience qu'elle vit, dont elle ne garde rien. Loréanne représente une partie de la population actuelle qui accorde plus d'importance à ce que l'on pense d'elle plutôt qu'à ce qu'elle accomplit réellement.
Quel sera le futur de Loréanne ? Quel sera notre futur ? Choisirons-nous la facilité d'enfants virtuels qui ne pleurent pas, d'aimer sans compromis ou mettrons-nous l'expérience et le ressenti au centre de nos vies ?
Merci à Agathe Tournois de mettre en lumière ces questions si souvent posées dans le contexte du speed-dating le plus hétéroclite qui soit.


Dans un ultime instinct de survie, la nature se venge d'une humanité de plus en plus étouffante. Le seul espoir de survie de l'espèce résidera peut-être dans un couple lancé en orbite autour de la Terre...
[...] - La Terre n'est pas liée aux hommes, ce sont les hommes qui le sont sans le savoir et sans le comprendre. La roche qui sort des entrailles va protéger toute chose. Vous n'y pourrez rien. Et nous serons tous victimes, tous. La grande cicatrice des temps se refermera sur notre fin à tous. La couleur ne subsistera que dans le ciel, la nature ailleurs sera noire, comme fut noire l'ère que nous allons quitter. La Terre alors renaîtra... [...]

Une nouvelle qui vous donne envie de casser la croûte !
Je ne veux pas ici parler évidemment d'une quelconque miche de pain doré, mais bien de cette carapace brunâtre, cette gangue qui étouffe tout : arbres et végétation, pétrifiant ce qu'elle enveloppe. Cette roche semble condamner l'Humanité non pas à la décroissance, mais à l'inertie, la figeant dans un présent à son image : dur et sombre. Sur quoi l'auteur a-t-il voulu attirer notre attention ? Et quelle est précisément la nature de ce fléau ? C'est au lecteur de se faire son opinion : pollution, pandémie, consumérisme débridé... À vous de choisir !
Peut-on encore empêcher ce qui paraît inévitable ? Laisserons-nous notre monde se pétrifier sans réagir ? Et si de ces cocons ne sortait aucune chenille. Pas de chrysalide, pas de papillon !
Ces cocons-là pourraient bien être, en fait, les tombeaux de l'Humanité... .


À cette époque, tout contact avec la nature, ainsi que tout rapprochement avec des animaux sauvages étaient proscrits. De même, certaines frontières ne devaient pas être franchies à moins de devenir le gibier qui révèlerait la vraie nature de l'Homme...
[...] Je lève les yeux. Et là, je le vois. Ses yeux jaunes me fixent. Je ne bouge pas et je retiens à nouvea ma respiration. La créature à la fourrure de feu avance vers moi. Je reconnais à l'instant son espèce mais jusqu'à présent je n'en avais jamais vu. Il s'agit d'un lougât. Une fière, impériale et dangereuse créature de l'Iragâv. L'animal ressemble à une sorte de loup, mais sa taille se rapproche plutôt de celle d'un ours... [...]

Qui serions-nous si nous devions vivre chaque jour sous la terreur ? Que ferions-nous si nous n'avions plus rien à perdre ? Les monstres ne se cachent pas toujours sous les lits... Une force mystérieuse foule les feuilles de la forêt interdite, laissant derrière elle les traces du beau ensanglanté. Où mènent-elles ? Y a-t-il un coeur pur et vaillant pour les suivre ? Une de ces âmes dont le regard s'élève au-dessus des cimes, ce regard perçant qui va droit au coeur pour y apporter son étincelle ? Une lumière fauve, profondément humaine...


Une humanité éparpillée, démographiquement débordante, scindée plus que jamais en deux castes. D'un côté, une conquête spatiale menée par et pour des privilégiés, les B2. De mémoire, personne n'en revenait jamais. De l'autre, la misère habituelle... au détail près d'un meurtre qui aurait pu paraître dérisoire s'il ne s'agissait précisément de celui d'un B2 qui, par définition, n'aurait jamais pu se trouver dans un si mauvais endroit. Léontin mène l'enquête...
[...] Son spécimen n'avait présentement pas de nez, donc si ça craquait c'était très mauvais, car soit c'était la mâchoire et ça rendait l'interrogatoire difficile, soit c'était le crâne et ça rendait l'interrogatoire obsolète. [...]


Une rencontre incongrue avec un être hors du commun. Un voyage dans les méandres du passé jusqu'à retourner aux sources mêmes de ce qui nous habite au présent. Les yeux s'ouvrent, l'esprit s'éveille, le message devient clair...
[...] Puis tout à coup, ce qui reste de moi, ma conscience et mon ouïe sont à leur tour aspirés par un énorme appel d'air. La dernière chose que j'entends avant de perdre toute notion de temps est : "Excuse-moi, j'ai un peu embelli la chose, mais sinon tu ne serais jamais parti, bonne chance... [...]


Quand on est factrice intérimaire de l'Espace, on a parfois affaire à des colis perdus. Celui-ci est résolument suspect...
[...] Je m'appelle Lola Lokidor et je fais le taxi g'lactique à bord de mon Lost-Angeles, surnommé amicalement le tacot, un antique aviso reconverti à coups de peinture jaune et d'autocollants à damiers. J'arbore une anatomie bombastique, une peau ambrée et un crâne rasé orné d'une minuscule mèche verte. Mon popotin est dûment tamponné de ma date de dépucelage, le cachet de la poste faisant foi - mais ça ne vous regarde pas... [...]


Le Passeur de rêves file au gré des flots. De l'eau coule sous les ponts, mais certaines rencontres échappent au présent sachant qu'elles sont vouées aux retrouvailles...
[...] - Prends grand soin de ce globe. Il renferme un rêve; vois comme il est beau ! Vois comme il est lumineux ! Il porte un message caché qui prendra bientôt tout son sens. Reviens ici au crépuscule et jette sa coquille vide dans l'eau. Alors je t'offrirai un rêve nouveau, encore plus beau... [...]